Xavier Dolan : portrait d’un génie à l’univers reconnaissable

Aujourd’hui la rédaction de Cinéscover vous propose un nouveau portrait d’une figure cinématographique emblématique : Xavier Dolan. 

A droite Xavier Dolan dans son film Max et Maxime

Un début presque idyllique

Xavier Dolan, jeune homme d’origine Québecoise, rentre dans le milieu du cinéma à l’age de quatre ans en tant qu’acteur de publicité. Il développe ensuite son talent d’acteur en participant à des longs métrages ou des séries télévisées. C’est seulement à l’age de dix-neuf ans que Xavier Dolan se révèle une passion pour la production et la réalisation de longs-métrages. Il apprend seul et se forme directement sur le tas avec son premier long «  J’ai tué ma mère » en 2008.

Un an plus tard son film sera projeté au festival de Cannes et y remportera 3 prix. Dans la même année Xavier Dolan entreprendra l’écriture de son second long-métrage «  Les Amours Imaginaires » pour lequel il sera une nouvelle fois sélectionné pour le festival de Cannes en 2010.

En seulement deux ans le jeune réalisateur de vingt-et-un ans aura déjà réalisé deux longs-métrages et reçu plusieurs prix justifiant de la qualité de son travail personnel.

Lancé et initié, Xavier Dolan continu d’écrire et réaliser des longs-métrages, il en est aujourd’hui à son huitième film « Max et Maxime ». Sorti en 2019 le jeune réalisateur n’a alors que trente ans.

Les inspirations

Dans ses films on peut y retrouver l’inspiration des scènes quotidiennes de la vie. Rien n’est irréel et tout le monde peut se retrouver dans ce décor familier qu’est la cuisine où on se retrouve tous à table, la vaisselle encore sale dans l’évier. Les films de Xavier Dolan représentent un moment de vie dans un monde réel et vécu. Il s’inspire de sa propre vie et de ses propres expériences qu’il incorpore à ses films afin d’apporter un peu de lui-même, un peu d’émotions et de sentiments à ses œuvres.

Scène de Mommy

Le personnage de la femme occupe également une grande place dans les films de Dolan, à la fois muse et poétique, la femme représente souvent le rôle de la mère mais surtout celui de la féminité. Elle n’est pas seulement une figure maternelle, elle est aussi elle-même. Avec ses failles, ses travers, ses envies et ses besoins. Elle est une figure emblématique de son cinéma.

Nicolas dans les Amours Imaginaires

On retrouve dans ses films une grande part d’art, tout y est lié. Tant dans la littérature, ( dans  » Laurence Anyways » parsemé de vers de poème ) que dans la photographie.

En effet, le jeune cinéaste s’inspire de photo pour écrire ses scènes et développer ainsi ses décors qu’il retranscrira ensuite dans ses films. C’est également à travers l’art de la sculpture que Xavier Dolan trouve et crée le personnage de Nicolas dans « Les Amours Imaginaires » qui ressemble à s’y méprendre à la sculpture de David.

Son Cinema

L’Univers de Xavier Dolan est très reconnaissable. Avec un style très vintage et une ambiance des années 80 le jeune réalisateur crée son propre univers aux couleurs saturés et orangés. D’un point de vue scénaristique il aime utiliser des décors et des ambiances très kitch à la manière de tableaux modernisés. Ses décors, ses costumes et maquillages représentent la définition même d’un film de Dolan. On y retrouve le papier peint de chez mamie, le fard à paupière bleu électrique et les belles robes de femmes des années 70. Par exemple le personnage de la mère dans « Juste la fin du monde » à l’image même du cinéma de Dolan.

La mère dans Juste la fin du monde
[caption id="attachment_1869" align="alignnone" width="339"] Scène du film J’ai tué ma mère

D’un point de vue technique son style se caractérise par des gros plans sur visage et des plans d’insert sur les décors, des ralentis réfléchis, des flous artistiques et des cadrages comme l’on n’en voit plus, en 1:1.

La musique prend également une grande place dans le cinéma de Dolan qui construit ses scènes mythiques sur la plupart d’entre elles. Je pense ici à « Mommy » et la scène de danse sur du Celine Dion.

Le cinéma de Dolan se rapproche fortement de celui de Pedro Almodovar tant dans ses choix artistique que dans ses choix scénaristiques. En effet, on ne présente plus le cinéma de Almodovar, coloré et décalé, s’inscrivant comme une nouvelle ère du cinéma toujours plus libérateur avec des messages forts de sens.

Dolan, tel le nouveau Almodovar reprend le flambeau et se fait le messager de la non majorité.

Comme dit précédemment Xavier Dolan nous propose un cinéma d’auteur avec des scènes du quotidien, lourd de sens. Ce sont des scènes entre amis ou en famille qui représentent si bien la réalité, et qui pourtant ne sont jamais montrées à l’écran. Il n’y a aucune paillette dans son cinéma, il ne nous montre que la vie telle que certains la vivent. Dans « Mommy », on rencontre Diane et son fils Steve hyperactif et atteint de trouble de l’attention. Dans « Laurence Anyways » un père de famille qui souhaite devenir une femme. Ou encore dans « Tom à la ferme » un jeune homme avec le syndrome de Stockholm.

Xavier Dolan dans Tom à la ferme

Chaque sujet choisi met en avant des situations trop peu connues que le jeune réalisateur tend à mettre à l’honneur.

Chacun de ses personnages est créé de façon à être totalement humain et identifiable. Pour beaucoup ils ne sont que ces personnes que l’on croise dans la rue, un peu étrange mais que l’on ne connaîtra jamais vraiment. Pour d’autres, ce sont eux ces personnages. Trop peu compris et méconnus des autres.

Ces gens qui paraissent banales et qui pourtant ne vivent rien d’ordinaire. Ce sont eux les personnages principaux.